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La juge Graciela Gatti Santana le 11 juin déclaré : « Nous avançons avec détermination sur la voie de l’achèvement » des travaux du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux (le « Mécanisme « ). Le président de l’héritier des tribunaux de l’ONU pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie s’est exprimé devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Le même jour, sur la même tribune, le Belge Serge Brammertz, procureur du Mécanisme, se félicitait d’avoir retrouvé tous les fugitifs rwandais inculpés – après l’arrestation de Fulgence Kayishema en Afrique du Sud en mai 2023, et confirmation, en mars et mai 2024que les trois dernières personnes recherchées (Aloys Ndimbati, Ryandikayo et Charles Sikubwabo) étaient mortes depuis plus de 25 ans.

Le Conseil de sécurité en prend note dans sa résolution à partir du 27 juin la reconduction du procureur Brammertz pour un mandat de deux ans, qui est désormais chargé d’accomplir les « tâches restantes ». Le Conseil lui ordonne « d’établir des prévisions claires et réalistes pour la mise en œuvre de l’ensemble de ses activités ». Cette stratégie devra notamment résoudre certains dossiers brûlants : le transfert bloqué de Fulgence Kayishema de l’Afrique du Sud vers le Rwanda ; l’absence de pays d’accueil pour Félicien Kabuga, toujours détenu à La Haye, un an après la fin du procès ; enfin, la relocalisation des personnes acquittées ou libérées et assignées à résidence au Niger depuis deux ans et demi.

L’impasse sud-africaine

La situation de Kayishema, qui depuis son arrestation en Afrique du Sud le 24 mai 2023 se retrouve coincée entre frictions diplomatiques et stratégies bureaucratiques, reste sans issue.

Le dernier développement est un demande de défense aux fins de communication de documents utiles pour s’opposer à son transfert au Rwanda. Ces documents, sous scellés, font référence à une demande du procureur de la République de les remettre au Mécanisme. La défense cite une correspondance entre Brammertz et les autorités sud-africaines, dans laquelle ces dernières déclaraient qu’« elles ne pouvaient plus aider [à retrouver et à appréhender Kayishema] à condition que son mandat d’arrêt prévoie son transfert au Rwanda. Cela a conduit le procureur à demander que le mandat d’arrêt soit modifié pour mentionner que Kayishema sera transféré à Arusha dès son arrestation – malgré le fait que le Mécanisme ait officiellement transféré son dossier au Rwanda en 2012.

Pour ses avocats, Philippe Larochelle et Kate Gibson, « M. Kayishema entend explorer tous les moyens possibles pour s’opposer à son transfert au Rwanda ». Le parquet a refusé de les révéler. Pour Brammertz, « depuis que l’affaire Kayishema a été renvoyée au Rwanda pour jugement, la divulgation est entre les mains des autorités judiciaires nationales rwandaises ». Mais la Chambre a, dans son décision du 26 juin 2024, a chargé le procureur de la République de « rendre publics ces documents », à l’exception de la correspondance avec les autorités sud-africaines. La Chambre a jugé que la confidentialité étant essentielle pour protéger la chasse en cours à Kayishma, une fois arrêté, il n’y avait « aucune raison exceptionnelle de maintenir la confidentialité ». Le procureur a fait appel de cette décision.

D’après une source proche du dossier en Afrique du Sud, des affidavits et d’autres témoignages ont déjà été déposés contre le déménagement de Kayishema dans son pays d’origine. Il est actuellement poursuivi pour violation de la loi sur l’immigration. Les avocats proposeront sûrement plus tard un autre pays où il pourrait être jugé, notamment l’Afrique du Sud, étant donné que les lois du pays confèrent compétence pour les crimes de génocide. Contactée, Me Larochelle n’a rien dit d’autre sur le ou les pays prévus.

Kabuga en liberté sous confinement

L’ancien riche homme d’affaires rwandais reste en prison malgré sa libération pour raisons de santé en août il y a un an. Lorsque la Chambre d’appel a levé le rideau final sur cette affaire, elle a demandé à la Chambre de première instance « d’aborder rapidement la question de la détention provisoire de Kabuga ». Le mois prochain, ceci le greffier a ordonné « s’engager aux côtés de la défense et user de ses bons offices pour lui apporter tout le soutien possible » dans ses contacts avec les « juridictions nationales auprès desquelles M. Kabuga demande sa libération provisoire ».

Des négociations ont lieu depuis décembre 2023 avec un Etat dont le nom n’a pas été dévoilé. Le 18 janvier 2024, la Chambre de première instance a rendu une ordonnance confidentielle demandant à cet État, ainsi qu’aux Pays-Bas en tant que pays hôte, de présenter leurs observations. Le 7 février, l’État auprès duquel Kabuga avait demandé sa libération provisoire a répondu en refusant de l’accepter. Les Pays-Bas ont quant à eux déclaré qu’il ne pouvait pas être libéré sur leur territoire car, selon le juge Bonomy, « il n’a pas le droit d’y résider ».

Le 15 février, la Chambre a rendu une ordonnance « dans un souci de transparence », a soumis une déclaration reçue de la Chancellerie du Ministère rwandais de la Justice, dans laquelle elle considère le Rwanda comme une destination appropriée pour la libération provisoire de Kabuga. La Chambre a noté qu’elle n’examinera pas cette demande, car « la libération provisoire de M. Kabuga vers le Rwanda n’est pas une question d’actualité ».

Lors d’une conférence d’État, tenue le 26 mars, la défense a été invitée à faire un état des débats, ce qu’elle a préféré faire à huis clos. A la fin du huis clos, certaines informations ont fuité : le président Ian Bonomy a informé le public qu’en coulisses « un débat très actif sur les différentes possibilités liées à la libération provisoire de M. Kabuga » avait eu lieu ; Le juge Bonomy a également demandé à être informé de l’évolution des demandes présentées à « deux Etats européens distincts » ; Il a également déclaré que, dans le cas où aucune de ces options ne se concrétiserait, la Chambre devrait envisager l’initiative de trouver un État hôte pour Kabuga.

Contactés par Justice Info, son avocat Emmanuel Altit et sa famille sont restés silencieux. Ils sont également restés silencieux sur le remboursement par Kabuga des fonds engagés par le Mécanisme pour sa défense, après avoir reconnu que Kabuga n’était pas démuni. Là Décision du Chancelier du 6 octobre 2023la première dans l’histoire de la branche d’Arusha du Mécanisme, souhaite que Kabuga rembourse l’intégralité de ses frais de défense – estimés à 1 184 500 dollars au moment de la décision – car ses actifs et ses comptes bancaires sont situés en Belgique, au Royaume-Uni, au Rwanda et Le Kenya permettrait cela, selon les conclusions du registre.

Dans cette décision, le Chancelier a précisé que cette décision était conditionnée à l’octroi à Kabuga de fonds et d’avoirs gelés, par le Mécanisme et à la demande du Procureur général, auxquels il n’a actuellement pas accès.

Les malheureux habitants de Niamey

La difficulté de relocaliser Kabuga évoque celle des six personnes acquittées ou libérées toujours bloquées à Niamey au Niger, assignées à résidence depuis Noël 2021. Deux d’entre elles y sont déjà décédées : le colonel Tarcisse Muvunyi, le 10 juin 2023, et le colonel Anatole Nsengiyumva. , début mai de cette année. Selon l’un des survivants restés au Niger, « les conditions de vie sont la cause de leur mort ». La chaleur sahélienne pour ces citoyens des zones tempérées d’Afrique de l’Est, souvent sans climatisation dans leur résidence pénitentiaire faute d’électricité, la dépression due aux conditions carcérales auxquelles ils sont soumis, sont autant de raisons qui, selon lui, en sont la cause. des décès.

À cela s’ajoute l’inquiétude quant à leur éventuel transfert au Rwanda, leur pays d’origine qui a manifesté son intention de les accueillir. Dans sa résolution du 27 juin, le Conseil de sécurité « constate que, dans les décisions relatives à la réinstallation des personnes acquittées ou ayant purgé leur peine, il convient d’examiner notamment si l’État d’origine est prêt à accueillir leurs nationaux, si les personnes à réinstaller sont d’accord ou éventuellement s’y opposer et s’il existe d’autres États possibles pour leur réinstallation. Le 11 juin, le président du Mécanisme a reconnu que leur situation « est malheureusement dans une impasse et rappelle tristement que des obstacles persistent dans le secteur. de coopération ». Il a rappelé que « le soutien constant des États et des autres parties intéressées est essentiel pour garantir le bon fonctionnement du processus judiciaire. Sans cela, la crédibilité de la justice internationale dans son ensemble est menacée ».

Contacté par téléphone par Justice Info, Innocent Sagahutu estime que « le Rwanda fait tout pour nous bloquer ici. Le moment est peut-être venu de chercher une solution dans les pays où le Rwanda ne peut pas avoir d’influence. L’employé nous dit que tel ou tel pays a exprimé son intention de nous recevoir, mais au bout d’un certain temps il nous informe que le pays concerné s’est retenu, ne voulant pas ruiner ses relations avec le Rwanda.

Les controverses sont nombreuses que le Mécanisme doit résoudre avant la fin de son mandat, pour lesquelles le Conseil de sécurité recommande « d’établir, dans les meilleurs délais, des prévisions précises et ciblées pour l’achèvement de toutes ses activités, y compris notamment les activités relatives aux affaires en cours ». et le contrôle de l’exécution des peines, et de présenter en temps utile des solutions pour le transfert des activités restant à réaliser..

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